Ils les colorent d’une sorte de peinture, aussi-bien que celui des paupières : ils sont robustes, infatigables à la guerre et sur mer, mais paresseux pour tout autre exercice ; ils vivent long-temps, quoiqu’ils blanchissent de bonne heure ; ils sont doux et officieux à l’égard des étrangers, se familiarisant aisément ; mais ils sont importuns par leurs demandes continuelles, intéressés dans le commerce, soupçonneux, trompeurs ; et, pour joindre plusieurs vices en un seul, ils sont ingrats.
Les îles de Ternate, de Tidor et de Bakian, ont chacune leur roi particulier ; mais le plus puissant de ces trois princes est celui de Ternate, qui compte dans ses états la plupart des îles voisines. Le terrain de cette île est haut, et l’eau des puits y est fort douce. Elle a deux ports qui regardent l’orient : l’un est Telingamma, et l’autre à une lieue de là, Toloco. Leurs quais sont revêtus de pierres, et commodes pour les vaisseaux. Le roi tient sa cour à Gammalamma, ville située sur le rivage, mais sans rade, parce que la mer y a trop de profondeur, et que le fond en est pierreux. Les habitans y ont fait une jetée de pierre pour se mettre à couvert des surprises ; de sorte que les vaisseaux étrangers vont mouiller ordinairement devant Telingamma où la rade est fort bonne entre cette place et l’île de Tidor. À une demi-lieue de Telingamma, dans les terres, est Maléca, petite ville qui est revêtue d’un mur de pierres sèches.