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n’ont pas le nez camus ; ils l’ont bien formé, et les traits du visage réguliers ; on en voit même plusieurs qui peuvent passer pour de beaux hommes ; et les femmes n’y sont pas sans agrémens. On trouve parmi ces insulaires une espèce d’hommes qu’on nomme cakerlaks, presque aussi blancs que les Hollandais, mais d’une pâleur de mort qui a quelque chose d’affreux, surtout quand on en est proche. Leurs cheveux sont fort jaunes et comme roussis par la flamme. Ils ont quantité de grosses lentilles aux mains et au visage ; leur peau est galeuse, rude et chargée de rides ; leurs yeux, qu’ils clignotent continuellement, paraissent de jour à moitié fermés, et sont si faibles, qu’ils ne peuvent presque pas supporter la lumière ; mais ils voient fort clair de nuit ; ils les ont gris, au lieu que ceux des autres insulaires sont noirs. L’auteur a connu un roi de Hitto et son frère qui étaient cakerlacks, et qui avaient non-seulement des frères et des sœurs, mais même des enfans dont le teint était le brun ordinaire de ces îles. On voit aussi quelques femmes de cette espèce, quoiqu’elles soient plus rares. Les cakerlaks sont méprisés de leur propre nation, qui les a en horreur ; c’est une sorte d’albinos : il s’en trouve aussi parmi les Nègres, en Afrique et ailleurs. Leur nom vient de certains insectes volans des Indes, qui muent tous les ans, et dont la peau ressemble assez à celle des cakerlaks.

L’habillement des Amboiniens paraît être un