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lèbrent cette victoire par des réjouissances publiques. Les têtes sont suspendues aux maisons ou jetées en certains lieux, comme une offrande aux divinités du pays. Il arrive souvent à ces jeunes Alfouriens de rôder un mois ou deux avant qu’ils puissent trouver l’occasion de se pourvoir de têtes, parce qu’ils n’attaquent guère l’ennemi qu’à coup sûr. S’ils le manquent, ils reviennent les mains vides, quelquefois blessés, et si remplis de frayeur, qu’ils ne pensent plus de long-temps au mariage. Lorsqu’ils ont perdu quelques-uns de leurs gens dans un combat, et que les têtes en sont emportées, ils jettent les cadavres sur un arbre, comme indignes de la sépulture. Mais si les morts ont encore leur tête, il est permis aux parens de les enterrer, dans la crainte que leurs ennemis n’en puissent faire trophée.

On conçoit qu’avec des lois aussi barbares les Alfouriens ont besoin d’autres maximes assorties à cette politique et capables de perpétuer les occasions de les exercer avec quelque apparence de justice. Leur extrême délicatesse sur le point d’honneur est la principale source des guerres continuelles qui règnent entre eux. Lorsqu’un Alfourien en visite un autre, rien ne doit manquer à l’accueil qu’on lui fait. Cette réception consiste à lui présenter d’abord une banane et du tabac. Oublie-t-on volontairement, ou par malheur, de joindre à la banane les feuilles de siri nécessaires, c’est assez pour mettre en colère l’Alfourien étran-