Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/244

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ger, qui, pour témoigner son ressentiment au maître de la maison, en sort sur-le-champ, et va s’escrimer devant la porte en dansant le sabre à la main, jusqu’à ce que l’affront soit réparé par quelques présens. Si pendant cette visite les petits enfans de la maison crachent ou se mouchent, c’est un outrage sanglant. S’ils jettent quelque chose à l’étranger, ou s’ils lui rient au nez, le père est tenu de laver chaque fois l’opprobre par d’autres présens, et la paix est faite alors ; mais, s’il refuse, l’offensé s’en plaint à ses amis, et revient deux ou trois ans après demander satisfaction à son hôte. La querelle peut encore être apaisée par un présent ; sinon la vengeance est résolue contre un opiniâtre qui, non content d’un premier affront, ose encore, après tant d’années, pousser le mépris jusqu’à ne rien offrir en faveur de la réconciliation. L’offensé meurt-il dans avoir exécuté sa résolution, ce soin passe à ses descendans, qui ne manquent pas de le venger tôt ou tard. Quelquefois tous les habitans du village prennent parti pour le mort, et vont enlever dans celui de l’agresseur quelques têtes, sans distinction, et les premières qu’ils peuvent abattre : sur quoi naît ordinairement une guerre ouverte. Mais, avant d’en venir à cette extrémité, l’un d’entre eux élève la voix, appelle les cieux, la terre, la mer, les rivières et tous leurs ancêtres à leur secours. Après cette invocation, il se tourne vers les ennemis et leur annonce à haute voix les