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motifs qui les forcent à la guerre, protestant qu’ils ne viennent pas clandestinement comme des voleurs, mais à découvert, et dans la seule vue de se procurer par la force le présent de la réconciliation qu’on a l’injustice de leur refuser. De retour dans leur village, avec une ou deux têtes qu’ils ont coupées à leurs ennemis, ils les portent en cérémonie, accompagnés de leurs femmes qui ne cessent de chanter et de danser autour d’eux. On donne ensuite un grand festin où les têtes ont leur place, et sont servies chacune par un guerrier qui leur présente des bananes, du tabac et d’autres rafraîchissemens. On verse neuf gouttes d’huile sur chacune ; après quoi deux hommes les prennent et les jettent. Ils sont persuadés que, s’ils manquaient à la moindre de ces cérémonies, ils n’auraient pas de bonheur à se promettre dans leur entreprise. Cependant, pour s’en assurer d’avance, ils ont recours au démon, qu’ils consultent de différentes manières ; et dont ils attendent la réponse par certains signes : si les présages sont constamment favorables, ils n’hésitent plus à commencer la guerre.

Les Alfouriens se nourrissent de rats, de serpens, de grenouilles et de diverses autres sortes de reptiles. La chair de sanglier, et le riz, qu’ils commencent à cultiver eux-mêmes, entre aussi dans leurs alimens ; mais ils y sont moins accoutumés. Le sagou est pour eux un mets friand : ils en font une bouillie épaisse qu’ils mettent dans des bambous, et la mangent