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froide lorsqu’ils sont en voyage. Ces bambous leur tiennent lieu de marmites, de pots et de verres. L’eau est leur boisson commune ; mais le sagou vert, espèce de liqueur fermentée qu’ils tirent du sagou, anime leurs festins. Ils enterrent cette liqueur dans des marais pour la rendre plus forte. Elle y prend aussi une couleur plus jaune, et s’y conserve toujours fraîche, quoiqu’elle perde beaucoup de son goût agréable, et qu’elle devienne même fort âpre. Ces montagnards aiment l’eau-de-vie à la fureur, et savent la distinguer du vin d’Espagne. Valentyn rapporte que Montanus, ministre hollandais, étant arrivé le soir à Elipapoutelh, pour y administrer les sacremens, on lui dit que le radja Sahoulau, un des plus puissans rois des Alfouriens, descendu des montagnes avec une nombreuse suite, souhaitait de le saluer. Montanus, qui connaissait ce prince de réputation, consentit à le recevoir sur-le-champ pour en être plus tôt délivré. Après un court compliment, le radja demanda de l’eau-de-vie, ajoutant en mauvais malais qu’il l’aimait beaucoup. La crainte des effets désagréables que cette liqueur pouvait produire fit répondre au ministre hollandais qu’étant au terme de son voyage, ses provisions étaient presque finies. Cependant il fit apporter un petit reste de vin d’Espagne qu’il voulut faire boire au radja pour de l’eau-de-vie. Mais ce prince n’en eut pas plus tôt goûté, qu’il le rejeta. « Ce que vous m’offrez, dit-il en secouant la tête, n’est pas