Les manguiers y sont si grands et si touffus, qu’on trouve en plein midi de la fraîcheur sous leur feuillage, et qu’on peut y être à couvert des plus grosses pluies. Les melons de Célèbes sont si rafraîchissans, que, malgré leur petitesse, la moitié d’un suffit pour apaiser la soif la plus ardente, et pour en préserver un voyageur pendant une journée entière dans les plus grandes chaleurs. L’homme le plus robuste ne l’est pas assez pour porter une grappe de bananes, qui sont les figues du pays. Elles ne sont guère plus grosses que les autres ; mais la plupart ont près d’un pied de long, et le goût en est véritablement délicieux. Les insulaires leur donnent le nom d’ontis.
De tous les fruits qui croissent en Europe, l’île Célèbes ne produit que les noix. Elles y sont moins blanches que les nôtres, et la coquille est incomparablement plus dure : elles ne sont pas même d’aussi bon goût ; mais on aurait peine à s’imaginer la quantité d’huile que les habitans en tirent. Entre plusieurs remèdes, dans lesquels ils l’emploient avec différentes préparations, ils en composent un onguent qui vaut le meilleur baume, et qui a des vertus encore plus certaines pour la guérison des plaies. Ils en font aussi des flambeaux, en la faisant bouillir avec la chair blanche du coco ; ce qui forme une pâte dont ils enduisent des bâtons fort secs, qu’ils exposent pendant quelques heures au soleil. Ces flambeaux sont aussi propres, durent autant, et ne donnent pas