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Quelques prisonniers portugais leur conseillèrent d’écrire aux pères jésuites du collége de Cochin. Le supérieur ne tarda pas à les venir visiter ; et les ayant reconnus Français et catholiques, il entreprit d’obtenir leur liberté. Le gouverneur lui répondit qu’ayant déjà écrit au vice-roi, il n’en était plus le maître, mais que son dessein était de les envoyer à Goa, et que, dans l’intervalle, il consentait qu’ils fussent élargis, à condition que les jésuites s’obligeraient à les représenter. Ainsi, quittant leurs chaînes, ils furent assez bien traités jusqu’à leur départ ; et l’usage que Pyrard fit de sa liberté fut pour observer ce qu’il y a de remarquable à Cochin.

Une flotte portugaise devait retourner à Goa, qui n’est qu’à cent lieues de Cochin, au nord. Pyrard ayant employé les jésuites pour obtenir d’y être embarqué avec ses compagnons, cette grâce leur fut accordée ; mais le gouverneur de Cochin commença, par leur remettre aux pieds des fers qui pesaient trente ou quarante livres, et les livra dans cet état au général. Pyrard eut le malheur d’être mis dans la galiote d’un capitaine barbare, qui se nommait Pedro de Poderoso, et qui, le prenant pour un Hollandais, le traita pendant toute sa navigation avec la dernière cruauté. D’autres incidens le jetèrent dans une dangereuse maladie, à laquelle il eût mille fois succombé, sans le secours d’un religieux dominicain, dont il reçut tous les bons offices de