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compagnon se trouvèrent si parfaitement rétablis, qu’osant se promettre tout de l’humanité de leurs hôtes, ils ne doutèrent pas que de si heureux commeneemens ne fussent comme le prélude de leur liberté. On leur avait même envoyé le troisième Français, qui ne se louait pas moins des soins qu’on avait eus de sa santé, quoiqu’il ne fût malade que de fatigue. Ils se joignirent tous trois pour demander au directeur la permission de se retirer. Loin de paraître empressé à les satisfaire, le directeur employa pendant trois mois divers prétextes pour retarder leur départ. Il n’ignorait pas apparemment de quelle manière ils devaient être traités. Enfin, cédant à leurs instances, il leur dit de le suivre, puisqu’ils désiraient si ardemment de sortir. Il les mena dans un magasin où il leur fit donner des habits neufs, et à chacun un pardo, ou trente-deux sous du pays. Il les pressa de déjeuner, malgré l’impatience qu’ils avaient de le quitter ; et, paraissant s’attendrir sur leur sort, il leur donna sa bénédiction. À peine se fut-il éloigné de leurs yeux, qu’ils se virent rudement saisis par deux sergens, accompagnés de leurs recors. On leur lia les mains, et, sans écouter leurs plaintes, on les conduisit dans une prison de la ville. Le geôlier et sa femme étaient métifs. Ayant appris que ces trois étrangers étaient Français et catholiques, ils les traitèrent avec assez de douceur ; les prisons de Goa sont d’ailleurs moins rigoureuses et moins infectes que celles de Co-