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chin. L’ordonnance du roi de Portugal oblige de nourrir tous les prisonniers de guerre et les étrangers ; mais une partie de l’argent qu’on leur destine est volée par les officiers. Cependant les confrères de la Miséricorde y suppléent généreusement. Pyrard se trouva moins misérable qu’il ne s’y était attendu. Après avoir passé un mois dans cette situation, il fut reconnu pour Français par un jésuite qui venait visiter les prisons ; et, dans l’entretien qu’il eut avec lui, il apprit qu’il y avait au collége de Saint-Paul de Goa un jésuite français qui se nommait le père Étienne de la Croix. Il ne balança point à lui écrire, et dès le lendemain cet honnête missionnaire, étant venu à la prison, le consola non-seulement par ses exhortations, mais par le partage de sa bourse, et plus encore par la promesse de demander au vice-roi sa liberté et celle de ses compagnons. Il était de Rouen : son zèle se refroidit si peu, qu’il ne cessa pas d’importuner pendant l’espace d’un mois le vice-roi et l’archevêque. On lui répondit long-temps que les trois Français méritaient la mort ; qu’ils étaient venus aux Indes contre l’intention de leur propre roi, et depuis la conclusion de la paix entre l’Espagne et la France. Le vice-roi paraissait résolu de les envoyer en Espagne pour y être jugés par le roi même ; mais le jésuite mit tant d’ardeur dans ses instances, qu’il obtint enfin la liberté des trois prisonniers.

Ils se crurent sortis du tombeau. Cependant