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mes services. Enfin je m’embarquai pour l’Europe, si content de mes papiers, que je les regardais comme la meilleure partie de mon bien.

» Une heureuse navigation me fit arriver à Lisbonne le 22 septembre 1558, dans un temps où le royaume jouissait d’une profonde paix, sous le gouvernement de la reine Catherine. Après avoir remis à sa majesté la lettre du vice-roi, j’eus l’honneur de lui expliquer tout ce qu’une longue expérience m’avait fait recueillir d’important pour l’utilité des affaires, et je n’oubliai pas de lui présenter les miennes. Elle me renvoya au ministre, qui me donna les plus hautes espérances. Mais, oubliant aussitôt ses promesses, il garda mes papiers l’espace de quatre ou cinq ans, à la fin desquels je n’en trouvai pas d’autre fruit que l’ennui d’un nouveau genre de servitude dans mon assiduité continuelle à la cour, et dans une infinité de vaines sollicitations qui me devinrent plus insupportables que toutes mes anciennes fatigues. Enfin je pris le parti d’abandonner ce procès à la justice divine, et de me réduire a la petite fortune que j’avais apportée des Indes, et dont je n’avais obligation qu’à moi-même. »