Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas moins respectés. Leur pauvreté les oblige de s’engager, en qualité de gardes, au service des rois, des princes, des gouverneurs de provinces et de villes, qui en ont toujours un grand nombre à leur solde. Ils s’attachent même à d’autres naïres plus riches et plus puissans, auxquels ils servent d’escorte, mais qui les traitent avec autant d’honnêteté qu’ils en exigent de respect, pour marquer l’égalité de la naissance.

Les étrangers qui résident ou qui passent dans le pays sont obligés de prendre des naïres pour les garder ; mais le nombre n’étant fixé par aucune loi, ils ne consultent là-dessus que leurs facultés ou le désir qu’ils ont de paître avec éclat. C’est d’ailleurs une nécessité indispensable de se faire accompagner de quelques naïres lorsqu’on entreprend de voyager dans les terres du Malabar. Sans cette précaution, le vol et l’insulte sont les moindres dangers annuels auxquels on s’expose de la part d’une tribu qui doit sa subsistance à cet usage. L’assassinat même est une violence assez ordinaire ; et comme on prend soin d’en avertir les étrangers, ces vols et ces meurtres demeurent impunis. On rejette leur malheur sur leur négligence ou leur avarice, d’autant plus qu’il ne manque rien à la fidélité des naïres, lorsqu’on emploie volontairement leurs services. Ils se louent jusqu’à la frontière de l’état dont ils sont sujets ; là ils cherchent eux-mêmes d’autres naïres de l’état voisin, à la conduite desquels ils aban-