Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui n’est pas moins gros que la jambe, sert à brûler. On voit aux cocotiers un nombre de feuilles presque toujours égal, parce qu’il en succède continuellement de nouvelles aux anciennes.

Le bois de l’arbre est spongieux, et se divise en une infinité de filamens ; ce qui ne permet de l’employer à bâtir des maisons et des vaisseaux que dans sa vieillesse, lorsqu’il devient plus solide : ses racines sont en fort grand nombre et très-déliées ; elles n’entrent pas fort loin dans la terre ; mais le cocotier n’en résiste pas moins à la violence des orages ; sans doute parce que, n’ayant point de branches, il donne moins de prise à l’effort du vent. Au sommet, on trouve entre les feuilles une sorte de cœur ou de gros germe qui approche du chou-fleur par la figure et le goût, mais qui a quelque chose de plus agréable. Un seul de ces germes suffit pour rassasier six personnes. Cependant on en fait peu d’usage, parce que l’arbre meurt aussitôt qu’il est cueilli, et ceux qui veulent s’accorder le plaisir d’en manger font toujours couper le tronc. Entre ce chou et les fleurs il sort plusieurs bourgeons fort tendres, à peu près de la grosseur du bras. En coupant leur extrémité, on a déjà vu qu’on en fait distiller une liqueur qui a été décrite. Les tives, dont la tribu s’attache particulièrement à l’agriculture, montent chaque jour, soir et matin, au sommet des cocotiers. Ils portent à leur ceinture un vase dans