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rissent, une portion de cette eau se change insensiblement en une substance blanche, molle et douce, qui a le goût de la crème. Les Malabares donnent aux cocos à demi mûrs le nom d’élixir, et les Portugais celui de lagné. Dans leur parfaite maturité, il ne reste que très-peu d’eau, et le goût en devient moins agréable à mesure que la quantité diminue. C’est de cette eau que se forme leur chair, qui est à la fin aussi solide et aussi ferme que celle des noisettes, dont elle a la blancheur et le goût. Les cuisiniers indiens en expriment le suc dans leurs sauces les plus délicates. On la presse dans des moulins pour en tirer une huile qui est la seule dont on se serve aux Indes. Récente, elle égale en bonté l’huile d’amandes douces ; en vieillissant, elle acquiert le goût d’huile de noix ; mais elle n’est alors employée que pour la peinture.

L’arbre pousse de nouveaux bourgeons, et porte de nouveaux fruits trois fois l’année. La grosseur des cocos est à peu près celle de la tête humaine. Comme le moindre vent les fait tomber, il est dangereux de s’asseoir sous les arbres qui les portent ; mais on en est peu tenté, parce qu’étant sans branches, ils n’offrent point d’abri contre les ardeurs du soleil. La première écorce des cocos est fort polie et toujours verte, quoiqu’elle jaunisse un peu en vieillissant, surtout lorsque le fruit est anciennement tombé de l’arbre. Après la première pellicule de cette écorce, ce qui reste est épais