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de Balliepatan, à la pagole du même nom, accompagné d’un seul naïre qui le précédait, vit un de ces dangereux reptiles qui s’élança sur son guide, et qui, se glissant par une narine, sortit aussitôt par l’autre, et demeura pendant des deux côtés. Le naïre tomba sans connaissance, et ne fut pas long-temps sans expirer. Une autre espèce que les Indiens nomment nalle pambou, c’est-à-dire bonne couleuvre, a reçu des Portugais le nom de cobra capella parce qu’elle a la tête environnée d’une peau large qui forme une espèce de chapeau. Son corps est émaillé de couleurs très-vives, qui en rendent la vue aussi agréable que ses blessures sont dangereuses. Elles ne sont mortelles pourtant que pour ceux qui négligent d’y remédier. Les diverses représentations de ces cruels animaux font le plus bel ornement des pagodes. On leur adresse des prières et des offrandes. Un Malabare qui trouve une couleuvre dans sa maison la supplie d’abord de sortir. Si ses prières sont sans effet, il s’efforce de l’attirer dehors en lui présentant du lait ou quelque autre aliment. S’obstine-t-elle à demeurer, on appelle les bramines, qui lui représentent éloquemment les motifs dont elle doit être touchée, tels que le respect du Malabare et les adorations qu’il a rendues à toute l’espèce. Pendant le séjour que Dellon fit à Cananor, un secrétaire du prince gouverneur fut mordu par un de ces serpens à chapeau, qui était de la grosseur du bras, et d’environ huit