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pieds de longueur. Il négligea d’abord les remèdes ordinaires ; et ceux qui l’accompagnaient se contentèrent de le ramener à la ville, où le serpent fut apporté aussi dans un vase bien couvert. Le prince, touché de cet accident, fit appeler aussitôt les bramines, qui représentèrent à l’animal combien la vie d’un officier si fidèle était importante à l’état. Aux prières on joignit les menaces : on lui déclara que, si le malade périssait, elle serait brûlée vive dans le même bûcher. Mais elle fut inexorable, et le secrétaire mourut de la force du poison. Le prince fut extrêmement sensible à cette perte. Cependant, ayant fait réflexion que le mort pouvait être coupable de quelque faute secrète qui lui avait peut-être attiré le courroux des dieux, il fit porter hors du palais le vase où la couleuvre était renfermée avec ordre de lui rendre la liberté, après lui avoir fait beaucoup d’excuses et quantité de révérences.

La loi que les idolâtres s’imposent de ne tuer aucune couleuvre est peu respectée des chrétiens et des mahométans. Tous les étrangers qui s’arrêtent au Malabar font main-basse sur ces odieux reptiles ; et c’est rendre sans doute un important service aux habitans naturels. Il n’y a point de jour où l’on ne fût en danger d’être mortellement blessé, jusque dans les lits, si l’on négligeait de visiter toutes les parties de la maison qu’on habite. On trouve encore une espèce de serpens fort extraordinaires,