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grands édifices joignaient à leur beauté l’avantage d’être si bien fortifiés, qu’ils étaient à couvert de toutes sortes d’insultes.

L’or de Surate est si fin, que, le transportant en Europe, on peut y gagner douze ou quatorze pour cent. L’argent, qui est le même dans tous états du Mogol, surpasse celui du Mexique et les piastres de Séville : il a moins d’alliage que tout autre argent. L’Anglais Ovington dit qu’il n’y a jamais vu de pièces rognées, ni d’or ou d’argent qui eût été falsifié. La roupie d’or en vaut quatorze d’argent, et celle d’argent vingt-sept sous d’Angleterre, ou cinquante-quatre sous de France.

On apporte à Surate des marchandises de toutes les parties de l’Asie ; elles y sont achetées par les Européens, les Turcs, les Arabes, les Persans et les Arméniens. Il n’y a point de marchands qui se répandent plus dans le monde, et qui voyagent avec autant d’ardeur que les Arméniens ; leur langue est une des plus usitées dans l’Asie. De tout temps ils ont été célèbres par leur commerce : c’était dans leur voisinage, c’est-à-dire sur le Phase, qu’était autrefois la toison d’or ; toison fameuse parmi les anciens, mais qui n’était qu’un grand commerce de laine, de peaux et de fourrures que les peuples du Nord y portaient.

Les marchands Indiens, qui viennent par terre à Surate, se servent rarement de chevaux pour le transport de leurs marchandises, parce qu’ils sont tous employés au service du