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vendent la cruche cinq bosourouques, qui reviennent à six deniers. Il aurait été facile aux Portugais de faire venir la source entière dans Goa par des tuyaux ou des aqueducs ; mais ils prétendent que le principal avantage serait pour les étrangers, auxquels il n’en coûterait rien pour avoir de l’eau, quoiqu’ils soient en plus grand nombre qu’eux dans la ville ; sans compter que le soin d’en apporter occupe les esclaves, et fait un revenu continuel pour les maîtres qui tirent le fruit de leur travail.

Les Portugais, prétendant tous à la qualité de gentilshommes, affectent de fuir le travail, qu’ils croient capable de les avilir, et se bornent au commerce, qui peut s’accorder avec la noblesse et les armes. La plupart ne marchent qu’à cheval ou en palanquin. Leurs chevaux sont de Perse ou d’Arabie ; les harnais de Bengale, de la Chine et de Perse, brodés de soie, enrichis d’or, d’argent et de perles fines ; les étriers d’argent doré ; la bride couverte de pierres fines, avec des sonnettes d’argent. Ils se font suivre d’un grand nombre de pages, d’estafiers et de laquais à pied, qui portent leurs armes et leurs livrées. Les femmes ne sortent que dans un palanquin, qui est une sorte de litière portée par quatre esclaves, couverte ordinairement d’une belle étoffe de soie, suivie d’une multitude d’esclaves à pied.

Dans la situation de Goa, les seuls ennemis qui puissent causer de l’inquiétude aux Portugais sont les Indiens du Décan, lorsque la paix