Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/357

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Les plus malheureux sont les mineurs mêmes, dont les gages ne montent par an qu’à trois pagodes ; aussi ne se font-ils pas scrupule en cherchant dans le sable de détourner une pierre qu’ils peuvent dérober aux yeux, et comme ils sont nus, à la réserve d’un petit linge qui leur couvre le milieu du corps, ils tâchent adroitement de l’avaler. Tavernier en vit un qui avait caché dans le coin de son œil une pierre du poids d’un manghelin, c’est-à-dire d’environ deux de nos carats, et dont le larcin fut découvert. Celui qui trouve une pierre dont le poids est au-dessus de sept ou huit menghelins reçoit une récompense, mais proportionnée à sa misère plutôt qu’à l’importance du service.

Les marchands qui se rendent, à la mine pour ce riche négoce ne doivent pas sortir de leur logement : mais chaque jour, à dix ou onze heures du matin, les maîtres mineurs leur apportent des montres de diamans. Si les parties sont considérables, ils les confient aux marchands pour leur donner le temps de les considérer à loisir. Il faut ensuite que le marché soit promptement conclu, sans quoi les maîtres reprennent leurs pierres, les lient dans un coin de leur ceinture ou de leur chemise, et disparaissent pour ne revenir jamais avec les mêmes pierres ; ou du moins s’ils les rapportent, elles sont mêlées avec d’autres qui changent absolument le marché. Si l’on convient de prix, l’acheteur leur donne un billet