Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le feu. Divers détachemens, qui furent envoyés pour mettre le pays à contribution, firent éprouver de toutes parts l’avarice et la cruauté du vainqueur. C’est un ancien usage parmi ces barbares que la moitié du butin appartienne à leurs chefs. Ils exercèrent toutes sortes de violences, non-seulement contre les mahométans, mais contre les Gentous mêmes qui avaient imploré leur secours, et qui les regardaient comme les protecteurs de leur religion. Ils portent avec eux des chaises de fer, sur lesquelles ils attachent nus avec des chaînes ceux dont ils veulent découvrir les trésors ; et, mettant le feu dessous, ils les brûlent jusqu’à ce qu’ils aient donné tout leur bien. On ne s’imaginerait point combien ils firent périr d’habitans par ce cruel supplice, ou par le poignard qui les vengeait de ceux qui n’avaient rien à leur offrir. Tous les lieux qui essuyèrent leur fureur furent presque entièrement détruits ; ce qui avait fait un tort extrême aux manufactures de toile dans un pays où la plupart des Gentous exercent le métier de tisserand, dans lequel ils excellent.

Tandis qu’ils répandaient la désolation dans la province d’Arcate et dans les lieux voisins, Sabder-Aly-Khan, renfermé dans sa forteresse de Vélour, leur fit des propositions d’accommodement. Après quelques négociations, le traité fut conclu à des conditions fort humilantes. Sabder devait succéder à son père dans la dignité de nabab d’Arcate ; mais il s’obli-