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Un quart d’heure après, il revint d’un air libre, portant sur ses épaules un cerf en vie ; huit hommes et cinq femmes, dont il était accompagné, amenaient trois vaches liées, et marchaient en dansant au son du tambour, sur lequel ils frappaient cinq coups par intervalle. Leur habillement était de différentes peaux, qui leur laissaient les bras et les pieds nus, avec cette seule différence pour les femmes, qu’elles portaient au milieu du bras de gros bracelets d’étain, et qu’elles avaient les cheveux beaucoup plus longs que les hommes. Ceux-ci portaient de gros bâtons armés par le bout, et garnis jusqu’au milieu de peaux semblables à celles dont ils étaient couverts. Ils avaient tous le visage farouche, les lèvres grosses, le nez plat, les narines larges et la taille haute. Faria leur fit divers présens, pour lesquels ils nous laissèrent leurs trois vaches et leur cerf. Nous quittâmes la rive ; mais ils nous suivirent pendant cinq jours sur le bord de l’eau.

» Après avoir fait environ quarante lieues dans ce pays barbare, nous poussâmes notre navigation pendant seize jours sans découvrir aucune autre marque d’habitation que des feux, que nous apercevions quelquefois pendant la nuit. Enfin nous arrivâmes dans l’anse de Nankin, moins promptement à la vérité que Similau ne l’avait promis, mais avec la même espérance de nous voir en peu de jours au terme de nos désirs. Il fit comprendre à tous les Por-