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en approchâmes avec de justes précautions, et nous y prîmes six hommes que nous trouvâmes endormis. Faria les interrogea séparément pour s’assurer de leur bonne foi par la conformité de leurs réponses ; ils s’accordèrent à lui dire que le pays où nous étions se nommait Temquilem, et que l’île, de Calempluy n’était éloignée que de dix lieues. On leur fit d’autres questions, auxquelles ils ne répondirent pas moins fidèlement. Faria les retint prisonniers pour le service des rames ; mais la satisfaction qu’il reçut de leurs éclaircissemens ne l’empêcha pas de regretter Similau, sans lequel il n’espérait plus recueillir tout le fruit qu’il s’était promis d’une si grande entreprise. Deux jours après, nous doublâmes une pointe de terre nommée Quinai-Taraon, après laquelle nous découvrîmes enfin cette île que nous cherchions depuis quatre-vingts jours, et qui nous avait paru fuir sans cesse devant nous.

» C’est une belle plaine, située à deux lieues de cette pointe, au milieu d’une rivière. Nous jugeâmes qu’elle n’avait pas plus d’une lieue de circuit. La joie que nous ressentîmes à cette vue fut mêlée d’une juste crainte, en considérant à quels périls nous allions nous exposer sans les avoir reconnus. Vers trois heures de nuit, Faria fit jeter l’ancre assez près de l’île. Il y régnait un profond silence. Cependant, comme il n’était pas vraisemblable qu’un lieu tel que Similau nous l’avait représenté, fût