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sans défense et sans garde, on résolut d’attendre la lumière pour en faire le tour et pour juger des obstacles. À la pointe du jour, nous nous approchâmes fort près de la terre, et, commençant à tourner, nous observâmes soigneusement tout ce qui se présentait à nos yeux. L’île était environnée d’un mur de marbre d’environ douze pieds de hauteur, dont toutes les pierres étaient jointes avec tant d’art, qu’elles paraissaient d’une seule pièce. Il avait douze autres pieds depuis le fond de la rivière jusqu’à fleur d’eau. Autour du sommet régnait un cordon en saillie, qui, joint à l’épaisseur du mur, formait une galerie assez large. Elle était bordée d’une balustrade de laiton, qui, de six en six brasses, se joignait à des colonnes du même métal, sur chacune desquelles on voyait une figure de femme avec une boule à la main. Le dedans de la galerie offrait une chaîne de monstres ou de figures monstrueuses de fonte, qui, se tenant par la main, semblaient former une danse autour de l’île. Entre ce rang d’idoles s’élevait un autre rang d’arcades, ouvrage somptueux et composé de pièces de diverses couleurs. Les ouvertures laissant un passage libre à la vue, on découvrait dans l’intérieur de l’île un bois d’orangers, au milieu duquel étaient bâtis trois cent soixante-cinq ermitages dédiés aux dieux de l’année. Un peu plus loin, à l’est, sur une petite élévation, la seule qui fût dans l’île, on voyait plusieurs grands édifices séparés les uns des autres, et sept faça-