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d’une heure, on fit retirer le peuple, et la pagode fut fermée. On avait présenté à Ram-Khan quantité de riz, de beurre, d’huile et de laitage, dont les bramines n’avaient laissé rien perdre. Comme l’idole représente une femme, elle est particulièrement invoquée de ce sexe, qui la regarde comme sa patronne. Djesseing, pour la tirer de la grande pagode, et lui donner un autel dans la sienne, avait employé, tant en présens pour les bramines qu’en aumônes pour les pauvres, plus de cinq laks de roupies, qui font sept cent cinquante mille livres de notre monnaie.

À cinq cents pas de Banaron, au nord-ouest, Tavernier et Bernier visitèrent une mosquée où l’on montre plusieurs tombeaux mahométans, dont quelques-uns sont d’une fort belle architecture. Les plus curieux sont dans un jardin fermé de murs, qui laissent des jours par où ils peuvent être vus des passans. On en distingue un qui compose une grande masse carrée, dont chaque face est d’environ quinze pas. Au milieu de cette plateforme s’élève une colonne de trente-quatre ou trente-cinq pieds de haut, tout d’une pièce, et que trois hommes pourraient à peine embrasser. Elle est d’une pierre grisâtre si dure, que Tavernier ne put la gratter avec un couteau. Elle se termine en pyramide, avec une grosse boule sur la pointe, et un cercle de gros grains au-dessous de la boule. Toutes les faces sont couvertes de figures d’animaux en relief. Plusieurs vieillards qui gardaient le