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jardin assurèrent Tavernier que ce beau monument avait été beaucoup plus élevé, et que depuis cinquante ans il s’était enfoncé de plus de trente pieds. Ils ajoutèrent que c’était la sépulture d’un roi de Boutan, qui était mort dans le pays après être sorti du sien pour en faire la conquête.

Patna, une des plus grandes villes de l’Inde, est située sur la rive occidentale du Gange. Tavernier ne lui donne guère moins de deux cosses de longueur. Les maisons n’y sont pas plus belles que dans la plupart des autres villes indiennes, c’est-à-dire qu’elles sont couvertes de chaume ou de bambou. La compagnie hollandaise s’y est fait un comptoir pour le commerce du salpêtre, qu’elle fait raffiner à Tchoupar, gros village situé aussi sur la rive droite du Gange, dix cosses au-dessus de Patna. La liberté règne dans cette ville, au point que Tavernier et Bernier, ayant rencontré, en arrivant, les Hollandais de Tchoupar qui retournaient chez eux dans leurs voitures, s’arrêtèrent pour vider avec eux quelques bouteilles de vin de Chypre en pleine rue. Pendant huit jours qu’ils passèrent à Patna, ils furent témoins d’un événement qui leur fit perdre l’opinion où ils étaient que certains crimes étaient impunis dans le mahométisme. Un mimbachi, qui commandait mille hommes de pied, voulait abuser d’un jeune garçon, qu’il avait à son service, et qui s’était défendu plusieurs fois contre ses attaques. Il saisit, à la campagne, un moment qui le fit