Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa fille au second fils du grand-mogol ; et pour l’envoyer à la cour, il l’avait fait accompagner de vingt éléphans, de mille chevaux, et de six cents charrettes chargées des plus riches étoffes et de tout ce qu’il avait pu rassembler de précieux. Sa cour était composée de plus de cinq cents personnes, dont quatre cents étaient ses esclaves. Ils étaient nourris tous dans sa maison ; et l’on assura Mandelslo que, sans compter ses écuries, où il nourrissait quatre à cinq cents chevaux, et cinquante éléphans, sa dépense domestique montait chaque mois à plus de cent mille écus. Ses principaux officiers étaient vêtus magnifiquement. Pour lui, négligeant assez le soin de sa parure, il portait une veste de simple toile de coton, excepté les jours qu’il se faisait voir dans la ville, ou qu’il la traversait pour se rendre à la campagne. Il paraissait alors dans l’équipage le plus fastueux, assis ordinairement sur une espèce de trône, qui était porté par un éléphant couvert des plus riches tapis de Perse, escorté d’une garde de deux cents hommes, avec un grand nombre de beaux chevaux de main, et précédé de plusieurs étendards de diverses couleurs.

Mandelslo s’étend sur quelques visites qu’il lui rendit avec le directeur anglais. « Il nous fit asseoir, dit-il, près de quelques seigneurs qui étaient avec lui. Quoiqu’il traitât d’affaires, il eut d’abord l’attention de nous entretenir quelques momens ; et je remarquai qu’il prenait plaisir à me voir en habit du pays. Il faisait ex-