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cette salle dans une cour pavée, au fond de laquelle on voit sous un portail une balustrade d’argent, dont l’approche est défendue au peuple, et n’est permise qu’aux seigneurs de la cour. Mandelslo rencontra dans cette cour un valet persan qui l’avait quitté à Surate. Il en reçut des offres de service, et celle même de le faire entrer dans la balustrade ; mais les gardes s’y opposèrent. Cependant, comme c’est par cette balustrade qu’on entre dans la chambre du trône, il vit dans une autre petite balustrade d’or le trône du grand-mogol, qui est d’or massif enrichi de diamans, de perles et d’autres pierres précieuses ; au-dessus est une galerie où ce puissant monarque se fait voir tous les jours pour rendre justice à ceux qui la demandent. Plusieurs clochettes d’or sont suspendues en l’air au-dessus de la balustrade. Ceux qui ont des plaintes à faire doivent en sonner une ; mais si l’on n’a des preuves convaincantes, il ne faut pas se hasarder d’y toucher, sous peine de la vie.

On montre en dehors un autre appartement du palais, qu’on distingue par une grosse tour dont le toit est couvert de lames d’or, et qui contient, dit-on, huit grandes voûtes pleines d’or, d’argent et de pierres précieuses d’une valeur inestimable.

Mandelslo paraît persuadé que d’une ville aussi grande, aussi peuplée qu’Agra, on peut tirer deux cent mille hommes capables de porter les armes. La plupart de ses habitans sui-