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milice : aussi ne reconnaît-on guère d’autre noblesse parmi les mahométans des Indes que celle de quelques descendais de Mahomet, qui sont respectés dans tous les lieux où l’on observe l’Alcoran.

En général, lorsque la cour réside dans la ville de Delhy ou dans celle d’Agra, l’empereur y entretient, même en temps de paix, près de deux cent mille hommes. Lorsqu’elle est absente d’Agra, on ne laisse pas d’y entretenir ordinairement une garnison de quinze mille hommes de cavalerie et de trente mille hommes d’infanterie ; règle qu’il faut observer dans le dénombrement des troupes du mogol, où les gens de pied sont toujours au double des gens de cheval. Deux raisons obligent de tenir toujours dans Agra une petite armée sur pied : la première, c’est qu’en tout temps on y conserve le trésor de l’empire ; la seconde, qu’on y est presque toujours en guerre avec les paysans du district, gens intraitables et belliqueux, qui n’ont jamais été bien soumis depuis la conquête de l’Indoustan.

Si ce grand nombre de soldats et d’officiers qui ne vivent que de la solde du prince est capable d’assurer la tranquillité de l’état, il sert aussi quelquefois à la détruire. Tant que le souverain conserve assez d’autorité sur les vice-rois et sur les troupes pour n’avoir rien à redouter de leur fidélité, les soulèvemens sont impossibles ; mais, aussitôt que les princes du sang se révoltent contre la cour, ils trouvent