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souvent dans les troupes de leur souverain de puissans secours pour lui faire la guerre. Aureng-Zeb s’éleva ainsi sur le trône ; et l’adresse avec laquelle il ménagea l’affection des gouverneurs de provinces fit tourner en sa faveur toutes les forces que Schah-Djehan son père entretenait pour sa défense.

Des armées si formidables, répandues dans toutes les parties de l’empire, procurent ordinairement de la sûreté aux frontières, et de la tranquillité au centre de l’état ; il n’y a point de petite bourgade qui n’ait au moins deux cavaliers et quatre fantassins : ce sont les espions de la cour qui sont obligés de rendre compte de tout ce qui arrive sous leurs yeux, et qui donnent occasion, par leurs rapports, à la plupart des ordres qui passent dans les provinces.

Les armes offensives des cavaliers mogols sont l’arc, le carquois, chargé de quarante ou cinquante flèches, le javelot ou la zagaie, qu’ils lancent avec beaucoup d’adresse, le cimeterre d’un côté et le poignard de l’autre ; pour armes défensives, ils ont l’écu, espèce de petit bouclier qu’ils portent toujours pendu au cou ; mais ils n’ont pas d’armes à feu.

L’infanterie se sert du mousquet avec assez d’adresse ; ceux qui n’ont pas de mousquet portent, avec l’arc et la flèche, une pique de dix ou douze pieds, qu’ils emploient au commencement du combat en la lançant contre l’ennemi. D’autres sont armés de cottes de mailles