Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui leur vont jusqu’aux genoux ; mais il s’en trouve fort peu qui se servent de casques, parce que rien ne serait plus incommode dans les grandes chaleurs du pays. D’ailleurs les Mogols n’ont pas d’ordre militaire ; ils ne connaissent point les distinctions d’avant-garde, de corps de bataille, ni d’arrière-garde ; ils n’ont ni front ni file, et leurs combats se font avec beaucoup de confusion. Comme ils n’ont point d’arsenaux, chaque chef de troupe est obligé de fournir des armes à ses soldats ; de là vient le mélange de leurs armes, qui souvent ne sont pas les mêmes dans chaque corps : c’est un désordre qu’Aureng-Zeb avait entrepris de réformer. Mais l’arsenal particulier de l’empereur est d’une magnificence éclatante ; ses javelines, ses carquois, et surtout ses sabres, y sont rangés dans le plus bel ordre ; tout y brille de pierres précieuses. Il prend plaisir à donner lui-même des noms à ses armes : un de ses cimeterres s’appele alom-guir, c’est-à-dire le conquérant de la terre ; un autre, faté-alom, qui signifie le vainqueur du monde. Tous les vendredis au matin, le grand-mogol fait sa prière dans son arsenal pour demander à Dieu qu’avec ses sabres il puisse remporter des victoires et faire respecter le nom de l’Éternel à ses ennemis. On pourrait demander, comment se nommaient tous ces cimeterres lorsque, par la suite, Nadir-Schah tenait l’empereur captif dans son palais de Delhy.

Les écuries du grand-mogol répondent au