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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/195

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reur est une autre solennité, pour laquelle il se fait des dépenses extraordinaires à la cour. On en célèbre une au mois de juin en mémoire du sacrifice d’Abraham, et l’on y mêle aussi celle d’Ismaël. L’usage est d’y sacrifier quantité de boucs, que les dévots mangent ensuite avec beaucoup de réjouissances et de cérémonies. Ils ont encore la fête des deux frères Hassan et Hossein, fils d’Ali, qui, étant allés par zèle de religion vers la côte de Coromandel, y furent massacrés par les banians et d’autres gentous, le dixième jour de la nouvelle lune de juillet : ce jour est consacré à pleurer leur mort. On porte en procession, dans les rues, deux cercueils avec des trophées d’arcs, de flèches, de sabres et de turbans. Les Maures suivent à pied en chantant des cantiques funèbres. Quelques-uns dansent et sautent autour des cercueils ; d’autres escriment avec des épées nues ; d’autres crient de toutes leurs forces, et font un bruit effrayant ; d’autres se font volontairement des plaies avec des couteaux dans la chair du visage et des bras, ou se la percent avec des poinçons, qui font couler leur sang le long des joues et sur leurs habits. Il s’en trouve de si furieux, qu’on ne peut attribuer leur transports qu’à la vertu de l’opium. On juge du degré de leur dévotion par celui de leur fureur. Ces processions se font dans les principaux quartiers et dans les plus belles rues des villes. Vers le soir, on voit, dans la grande place du méidan ou du marché, des figures de paille ou