Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/231

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de sauvages. Quelquefois ils s’assemblent par troupes sous un chef, auquel ils rendent toutes sortes de respects et de soumissions. Quoiqu’ils fassent profession de ne rien demander, ils s’arrêtent près des lieux habités qu’ils rencontrent, et l’opinion qu’on a de leur sainteté porte toutes les autres sectes banianes à leur offrir des vivres ; enfin d’autres, se livrant à la mortification, exercent en effet d’incroyables austérités. Il se trouve aussi des femmes qui embrassent un état si dur. Schoutan ajoute que souvent les pauvres mettent leurs enfans entre les mains des gondjis, afin qu’étant exercés à la patience, ils soient capables de suivre une profession si sainte et si honorée, s’ils ne peuvent subsister par d’autres voies.

Quelques voyageurs mettent les rasbouts au nombre des sectes banianes, parce qu’ils croient aussi à la transmigration des âmes, et qu’ils ont une grande partie des mêmes usages. Cependant, au lieu que tous les autres banians ont l’humeur douce, et qu’ils abhorrent l’effusion du sang, les rasbouts sont emportés, hardis et violent ; ils mangent de la chair, ils ne vivent que de meurtre et de rapine, et n’ont pas d’autre métier que la guerre.

Le grand-mogol et la plupart des autres princes indiens les emploient dans leurs armées, parce que, méprisant la mort, ils sont d’une intrépidité surprenante. Mandelslo raconte que, cinq rasbouts étant un jour entrés