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dans la maison d’un paysan pour s’y reposer d’une longue marche, le feu prit au village, et s’approcha bientôt de la maison où ils s’étaient retirés. On les en avertit ; ils répondirent que jamais ils n’avaient tourné le dos au péril ; qu’ils étaient résolus de donner au feu la terreur qu’il inspirait aux autres, et qu’ils voulaient le forcer de s’arrêter à leur vue. En effet ils s’obstinèrent à se laisser brûler plutôt que de faire un pas pour se garantir des flammes. Il n’y en eut qu’un qui prit le parti de se retirer ; mais il ne put se consoler de n’avoir pas suivi le parti des autres. Voilà un courage bien stupide.

Les rasbouts n’épargnent que les bêtes, surtout les oiseaux, parce qu’ils croient que leurs âmes sont particulièrement destinées à passer dans ces petits corps, et qu’ils espèrent alors pour eux-mêmes autant de charité qu’ils en auraient eu pour les autres. Ils marient, comme les banians, leurs enfans dès le premier âge ; leurs veuves se font brûler avec les corps de leurs maris, à moins que, dans le contrat de mariage, ils n’aient stipulé qu’on ne puisse les y forcer : cette précaution ne les déshonore point, lorsqu’elle a précédé l’union conjugale.

Au reste, cette variété d’opinions et d’usages, qui forme tant de sectes différentes entre les banians, n’empêche point qu’ils n’aient quatre livres communs, qu’ils regardent nomme le fondement de leur religion, et pour