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du canon de fer. Leur poudre a le grain long ; et celle que l’auteur vit entre les mains de plusieurs marchands, était d’une force extraordinaire. Ils l’assurèrent qu’on voyait sur leurs canons des chiffres et des lettres qui n’avaient pas moins de cinq cents ans. Un habitant du royaume n’en sort jamais sans la permission expresse du gouverneur, et n’aurait pas la hardiesse d’emporter une arme à feu, si ses plus proches parens ne se rendaient caution qu’elle sera rapportée. Sans cette difficulté, Tavernier aurait acheté des marchands de ce pays un de leurs mousquets, parce que les caractères qui étaient sur le canon rendaient témoignage qu’il avait cent quatre-vingts ans d’ancienneté. Il était fort épais, la bouche en forme de tulipe, et le dedans aussi poli que la glace d’un miroir. Sur les deux tiers du canon il y avait des filets de relief et quelques fleurs dorées et argentées : les balles étaient d’une once. Le marchand, étant obligé de décharger sa caution, ne se laissa tenter par aucune offre, et refusa même de donner un peu de sa poudre.

On voit toujours cinquante éléphans autour du palais du roi, et vingt ou vingt-cinq chameaux qui ne servent qu’à porter une petite pièce d’artillerie d’environ une demi-livre de balle. Un homme assis sur la croupe du chameau manie d’autant plus facilement cette pièce, qu’elle est sur une espèce de fourche qui tient à ta selle, et qui lui sert d’affût. Il n’y a pas