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veux qu’elles soient envoyées à mon fils : elles lui seront agréables. D’ailleurs je lui écrirai avec des ordres si formels, que vous n’aurez plus besoin de solliciter auprès de lui. Il accompagna cette promesse de complimens, d’excuses, et de protestations, qui ne pouvaient venir que d’une âme fort généreuse ou fort basse.

» Il y avait dans une grande caisse diverses figures de bêtes qui n’étaient au fond que des masses de bois. On m’avait averti qu’elles étaient fort mal faites, et que la peinture dont elles étaient revêtues s’était écaillée en divers endroits. Je n’aurais jamais pensé à les mettre au nombre des présens, si j’avais eu la liberté du choix. Aussi l’empereur me demanda-t-il ce qu’elles signifiaient, et si elles étaient envoyées pour lui. Je me hâtai de répondre qu’on n’avait pas eu l’intention de lui faire un présent si peu digne de lui, mais que ces figures étaient envoyées pour faire voir la forme des animaux les plus communs de l’Europe. « Hé quoi ! répliqua-t-il aussitôt, pense-t-on en Angleterre que je n’aie jamais vu de taureau ni de cheval ? Cependant je veux les garder. Mais ce que je vous demande, c’est de me procurer un grand cheval de votre pays avec deux de vos lévriers d’Irlande, un mâle et une femelle, et d’autres espèces de chiens dont vous vous servez pour la chasse. Si vous m’accordez cette satisfaction, je vous donne ma parole de prince que vous en serez ré-