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compensé, et que vous obtiendrez de moi plus de priviléges que vous ne m’en demanderez. Ma réponse fut que je ne manquerais pas d’en faire mettre sur les vaisseaux de la première flotte ; que je n’osais répondre qu’ils pussent résister aux fatigues d’un si long voyage ; mais que, s’ils venaient à mourir, je promettais, pour témoignage de mon obéissance, de lui en faire voir les os et la peau. » Ce discours parut lui plaire. Il s’inclina plusieurs fois, il porta la main sur sa poitrine avec tant d’autres marques d’affection et de faveur, que les seigneurs mêmes qui se trouvaient présens m’assurèrent qu’il n’avait jamais traité personne avec cette distinction : aussi ces caresses furent-elles ma récompense. Il ajouta qu’il voulait réparer toutes les injustices que j’avais essuyées, et me renvoyer dans ma patrie comblé d’honneur et de grâces ; il donna même sur-le-champ quelques ordres qui devaient faire cesser mes plaintes. « J’enverrai, me dit-il, un magnifique présent au roi d’Angleterre, et je l’accompagnerai d’une lettre où je lui rendrai témoignage de vos bons services ; mais je souhaiterais de savoir quel présent lui sera le plus agréable. » Je répondis qu’il me conviendrait mal de lui demander un présent ; que ce n’était pas l’usage de mon pays, et que l’honneur du roi mon maître en serait blessé, mais que, de quelque présent qu’il me fît l’honneur de me charger, je l’assurais que, de la part d’un monarque qui était égale-