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au sujet de mes peines. Il me demanda si je n’étais pas content de lui ; et lorsque j’eus répondu que sa faveur pouvait aisément remédier aux injustices qu’on m’avait faites dans ses états, il promit encore que j’aurais à me louer de l’avenir. Cependant ce qu’il ajouta me fit juger que ma fermeté lui déplaisait. « Je n’ai qu’une question à vous faire, me dit-il ; quand je songe aux présens que vous m’avez envoyés depuis deux ans, je me suis étonné plusieurs fois que, le roi votre maître vous ayant revêtu de la qualité d’ambassadeur, ils aient été fort inférieurs en qualité comme en nombre à ceux d’un simple marchand qui était ici avant vous, et qui s’est heureusement servi des siens pour gagner l’affection de tout le monde. Je vous reconnais pour ambassadeur. Votre procédé sent l’homme de condition. Cependant je ne puis comprendre qu’on vous entretienne à ma cour avec si peu d’éclat. » Je voulais répondre à ce reproche. Il m’interrompit. « Je sais, reprit-il, que ce n’est pas votre faute ni celle de votre prince ; et je veux vous faire voir que je fais plus cas de vous que de ceux qui vous ont envoyé. Lorsque vous retournerez en Angleterre, je vous accorderai des honneurs et des récompenses ; et, sans égard pour les présens que vous m’avez apportés, je vous en donnerai un pour votre maître. Mais je vous charge d’une commission dont je ne veux pas me fier aux marchands. C’est de me faire faire dans votre pays un carquois pour des flèches, un