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Siam par une profonde inclination, et chacun commença son travail.

Le roi parut prendre un vrai plaisir à voir dans la lunette toutes les taches de la lune, surtout lorsqu’on lui fit remarquer leur conformité avec le type qu’on en avait fait à l’Observatoire de Paris. Il fit diverses questions : pourquoi la lune paraissait renversée dans la lunette ; pourquoi l’on voyait encore la partie de la lune qui était éclipsée ; quelle heure il était à Paris ; à quoi des observations faites de concert dans des lieux si éloignés pouvaient être utiles, etc. Tandis qu’on satisfaisait sa curiosité par des explications, un de ses principaux officiers apporta sur un grand bassin d’argent six soutanes et autant de manteaux de satin, dont le roi fit présent aux mathématiciens. Il leur permit de se lever et de se tenir debout en sa présence. Il regarda dans la lunette après eux : toutes faveurs, remarque Tachard, qui doivent paraître fort singulières à ceux qui savent avec quel respect les rois de Siam veulent qu’on approche d’eux.

Tachard n’oublie pas un crucifix d’or massif que le roi de Siam lui donna pour le père de La Chaise, et un de tombac, qu’il reçut lui-même de sa majesté.

Un astrologue bramine, qui était à Louvo, avait prédit la même éclipse à un quart d’heure près ; mais il s’était considérablement trompé en soutenant que l’émersion ne paraîtrait sur l’horizon qu’après le lever du soleil. Tachard