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nombre sert peu sans le courage, Baron avoue qu’il n’y a point de soldats moins à craindre que les Tonquinois. D’ailleurs la plupart de leurs chefs sont des eunuques qui ne conservent dans l’âme aucun reste de leur virilité.

La cavalerie monte à huit ou dix mille hommes, et le nombre des éléphans à trois cent cinquante. Les forces maritimes consistent dans deux cent vingt bâtimens, grands et petits, plus propres à la rivière qu’à la mer, et qui ne servent guère aussi qu’aux fêtes et aux exercices d’amusement. Chaque bâtiment est armé à la proue d’un canon de quatre livres de balles. Ils n’ont pas de mâts, et tous leurs mouvemens se font à force de rames. Les rameurs sont exposés à la mousqueterie et à tous les instrumens de guerre. La cour entretient avec cette flotte environ cinq cents barques, qui se nomment touinghes, et qui sont assez légères à la voile, mais trop faibles pour la guerre, quoiqu’elles servent fort bien au transport des vivres et des troupes.

L’arsenal de Kécho est fourni de toutes sortes d’artillerie de tous les calibres, soit de la fabrication des habitans, soit achetée des Portugais, des Anglais et des Hollandais. Il ne manque pas non plus de toutes les munitions convenables.

Outre la mollesse naturelle des soldats de Tonquin, rien ne contribue tant à leur ôter le courage, que la nécessité de passer toute la vie dans une condition pénible, sans aucune espé-