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rance de s’élever au-dessus de leur premier grade. La valeur même, dans ceux qui peuvent avoir l’occasion de se distinguer, ne change rien à leur état, ou du moins ces exemples sont si rares, qu’ils ne peuvent inspirer d’émulation. L’argent ou la faveur de quelque mandarin du premier ordre sont les seules voies qui puissent conduire aux distinctions.

Leurs guerres ne consistent que dans le bruit et dans un grand appareil de bagage. La moindre querelle les fait entrer dans la Cochinchine, où ils passent le temps, soit à considérer les murs des villes, soit à camper sur le bord des rivières. Mais une légère maladie qui emporte quelques-uns de leurs gens les rebute aussitôt, et leur fait crier que la guerre est cruelle et sanglante. Ils se hâtent alors de retourner vers leurs frontières.

Ils ont quelquefois des guerres civiles que l’adresse termine plutôt que la valeur. Dans leurs anciens démêlés avec les Chinois, on les a vus combattre avec assez de résolution ; mais ils y étaient forcés par la nécessité. Cependant on ne cesse pas de les exercer au maniement des armes, et cet exercice continuel fait la plus grande partie de leur profession. Ils reçoivent chaque jour une portion de riz pour leur nourriture, et leur paie annuelle n’est que d’environ trois écus ; mais ils sont exempts de toutes sortes de taxes. Ceux qui n’ont pas leurs quartiers dans la capitale sont dispersés dans les aldées, sous le commandement des mandarins, qui sont