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chargés de pourvoir à leur subsistance. Chaque mandarin est revêtu de l’autorité du roi pour commander dans un certain nombre d’aldées.

On ne voit dans le Tonquin ni châteaux ni places fortifiées. L’état se glorifie de n’avoir pas besoin d’autre appui que ses troupes : ce qui ne serait pas sans fondement, si leur courage répondait à leur nombre.

Quoique la valeur ne soit pas une qualité commune au Tonquin, la douceur et le goût de la tranquillité font moins le caractère général des habitans qu’une humeur inquiète et turbulente qui demande le frein continuel de la sévérité pour les contenir dans l’union. Les révoltes et les conspirations y sont fréquentes. Il est vrai que la superstition à laquelle tout le peuple est malheureusement livré a souvent plus de part aux désordres publics que les entreprises de l’ambition, et que rarement les mandarins et les autres seigneurs prennent part à ces attentats.

Les Tonquinois n’ont pas l’humeur emportée ; mais ils sont la proie de deux passions beaucoup plus dangereuses, qui sont l’envie et la malignité. Autrefois le premier de ces deux vices leur faisait désirer toutes les richesses et les curiosités des nations étrangères ; mais leurs désirs se réduisent aujourd’hui à quelques pièces d’or et d’argent du Japon et au drap de l’Europe. Ils ont toujours eu cette espèce d’orgueil qui ôte la curiosité de visiter les autres pays. Leur estime se borne à leur patrie ; et