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tout ce qu’on leur raconte des pays étrangers passe à leurs yeux pour une fable.

Ils ont la mémoire heureuse et la pénétration vive ; cependant ils n’aiment pas les sciences pour elles-mêmes, mais parce qu’elles les conduisent aux charges et aux dignités publiques. Leur ton en lisant est une espèce de chant. Leur langage, comme celui des Chinois, est plein de monosyllabes, et quelquefois ils n’ont qu’un seul mot pour exprimer onze ou douze choses différentes. L’unique distinction consiste à prononcer pleinement, à presser leur haleine, à la retenir, à peser plus ou moins sur l’accent. Aussi rien n’est-il si difficile aux étrangers que d’atteindre à la perfection de leur langue. Il n’y a point de différence entre celle de la cour et celle du peuple. Mais, dans les matières qui regardent les lois et les cérémonies, ils emploient la langue chinoise comme on se sert en Europe des langues grecque et latine.

Les deux sexes ont la taille bien proportionnée, mais petite plutôt que grande. En général, ils sont d’une constitution faible ; ce qui vient peut-être de leur intempérance et de l’excès avec lequel ils se livrent au sommeil. La plupart ont le teint aussi brun que les Chinois et les Japonais ; mais les personnes de qualité sont presque aussi blanches que les Portugais et les Espagnols. Ils ont le nez et le visage aussi plats que les Chinois. Leurs cheveux sont noirs, et c’est un ornement que de les avoir longs. Les