Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout le cas que je devais de cet avis ; et persistant dans mon projet, dont l’exécution me paraissait assez facile, je réitérai les mêmes ordres au major, qui s’en alla fort chagrin, me recommandant encore en partant de bien prendre garde à ce que je faisais, et que j’en serais infailliblement la victime.

» Le zèle de cet officier, dont la bravoure m’était d’ailleurs connue, me fit faire quelques réflexions. Pour ne rien donner au hasard, je fis monter vingt soldats siamois, dont la moitié était armé de lances et les autres de fusils, et m’étant avancé vers l’entrée du pavillon ; qui était fermé d’un simple rideau que j’avais fait tirer, j’ordonnai à un mandarin qui me servait d’interprète d’aller de ma part dire au capitaine que j’étais mortifié d’être obligé de l’arrêter ; mais qu’il recevrait toutes sortes de bons traitemens. Ce pauvre mandarin n’eut pas plus tôt prononcé ces mots, que les six Macassars, ayant jeté leurs bouquets par terre, mirent le cric à la main ; et, s’élançant comme un éclair, tuèrent dans un instant, et l’interprète et six autres mandarins qui étaient restés dans le pavillon. Voyant ce carnage, je me retirai auprès de mes soldats, et saisissant la lance de l’un d’eux, je commandai aux mousquetaires de faire feu sur les Macassars.

» Dans le même temps, un de ces six enragés vint sur moi le cric à la main ; je lui plongeai ma lance dans l’estomac ; le Macas-