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avait mis à la tête d’une compagnie de Portugais, d’aller leur couper le chemin, de les empêcher d’avancer, et en cas de refus, de tirer dessus : ajoutant que je serais à lui dans un instant pour le soutenir, avec tout ce que je pourrais ramasser de troupes. Sur la défense que l’Anglais leur fit de passer outre, ils s’arrêtèrent tout court, tandis que je faisais avancer mes nouveaux soldats, qui étaient armés de fusils et de lances, mais sans expérience, de sorte qu’il y avait peu à compter sur eux. Nous nous arrêtâmes à cinquante pas des Macassars. Après quelques pourparlers, je leur fis dire que, s’ils voulaient, il leur serait libre de retourner dans leur galère, comptant qu’il me serait alors aisé de les faire tous tuer à coup de fusil. Leur réponse fut qu’ils étaient contens de retourner à bord, pourvu qu’on leur rendît leur capitaine, sans lequel ils ne se rembarqueraient jamais.

» Le capitaine anglais, ennuyé de toutes ces longueurs, me fit savoir qu’il allait faire lier tous ces misérables ; et sans attendre ma réponse, il marcha à eux avec beaucoup d’imprudence. Au premier mouvement qu’ils lui virent faire, les Macassars, qui jusque-là s’étaient tenus accroupis à leur manière, se levèrent tout à coup, et s’enveloppant le bras gauche de l’espèce d’écharpe qu’ils portent autour des reins pour leur servir de bouclier, ils fondirent, le cric à la main, avec tant d’impétuosité sur les Portugais, qu’ils les avaient