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bes et une quantité assez considérable de fruit. J’y allai avec environ cent soldats armés de lances et de fusils ; j’y trouvai plus de deux mille Siamois qui s’étaient rendus sur le lieu où les Macassars avaient couché. Lassé de me voir mené si long-temps par une poignée d’ennemis, je résolus d’en venir à bout ; je partageai les deux mille hommes que j’avais en deux corps, que je postai à droite et à gauche, et je me mis avec mes cent hommes aux trousses de ces bêtes féroces ; je suivis dans l’eau la route qu’ils s’étaient ouverte à travers les herbes : comme ils mouraient presque de faim, ne se nourrissant depuis un mois que d’herbes sauvages, je vis bien qu’il était temps de ne les plus marchander, surtout n’ayant avec moi que des hommes frais dont je pouvais tirer parti. Dans cette pensée, je leur fis doubler le pas : après avoir marché environ une demi-lieue, nous aperçûmes les ennemis, et nous nous mîmes en devoir de les joindre.

» Je les serrais de fort près. Pour m’éviter, ils se jetèrent dans un bois qui était sur la gauche, d’où ils tombèrent sur une troupe des miens, qui, du plus loin qu’ils les aperçurent, firent une décharge de mousqueterie hors de portée, et se sauvèrent à toutes jambes. Cette fuite ne me fit pas changer de dessein ; je joignis encore les ennemis, et je rangeai mes soldats en ordre de bataille. Comme nous avions de l’eau jusqu’à mi-jambe, les Macassars ne pouvant venir à nous avec leur