Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

activité ordinaire, gagnèrent une petite hauteur entourée d’un fossé où il y avait de l’eau jusqu’au cou. Je les investis, et m’approchant d’eux à la distance de dix à douze pas, je leur fis crier par un interprète de se rendre, les assurant que, s’ils se fiaient à moi, je m’engageais à leur ménager leur grâce auprès du roi de Siam. Ils se tinrent si offensés de cette proposition, qu’ils nous décochèrent une de leurs lances pour nous témoigner leur indignation, et se jetant un moment après dans l’eau, les crics entre les dents, ils se mirent à la nage pour nous venir attaquer.

» Les Siamois, encouragés et par mes discours et par mon exemple, firent si à propos leur décharge sur ces désespérés, qu’il n’en échappa pas un seul. Ils n’étaient plus que dix-sept ; tous les autres étaient morts dans les bois, ou de misère, ou des blessures qu’ils avaient reçues. J’en fis dépouiller quelques-uns que je trouvai tous secs comme des momies, n’ayant que la peau et les os ; ils portaient, tous sur le bras gauche ces caractères dont on a parlé. Telle fut la fin de cette malheureuse aventure, qui pendant un mois me causa des fatigues incroyables, et faillit me coûter la vie. »

Un Français nommé la Marre, témoin oculaire, rapporte en peu de mots ce qui se passa à Siam au sujet des Macassars retranchés dans leur camp, après la conspiration découverte.