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abandonne tous ses droits, et qu’il lui rend la liberté de disposer d’elle-même. Sans cette espèce de certificat, elle ne trouverait jamais l’occasion de se remarier ; mais, lorsqu’elle y est autorisée par l’acte de sa séparation, ce n’est point une tache d’avoir été au pouvoir d’un autre et d’en être abandonnée. Elle emporte, avec ce qu’elle a mis dans la société du mariage, tout ce que son mari lui a donné en l’épousant. Ainsi sa disgrâce n’ayant fait qu’augmenter son bien, elle en a plus de facilité à former un nouvel engagement. Les enfans qu’elle peut avoir eus demeurent au mari. Cette compensation d’avantages rend les divorces très-rares.

Un homme de qualité qui surprend sa femme dans l’action de l’adultère est libre de la tuer, elle et son amant, pourvu que cette sanglante exécution se fasse de ses propres mains ; s’il remet sa vengeance à la justice, la femme est écrasée par un éléphant, et le suborneur reçoit la mort par quelque autre supplice. Dans les conditions inférieures, le mari offensé doit recourir aux lois, qui traitent sévèrement les coupables, mais qui exigent des preuves du crime, qu’il n’est pas toujours aisé d’apporter.

La civilité chinoise a fait beaucoup de progrès au Tonquin ; mais, en reconnaissant sa source, l’auteur y fait observer des différences qui viennent d’un mélange d’anciens usages, et qui rendent les Tonquinois moins esclaves de la cérémonie que les Chinois.