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quelques voitures, s’était défait de plusieurs pierreries que le roi notre maître lui avait confiées pour en faire divers présens. Il m’avait donné cinq gros diamans enchâssés dans autant de bagues d’or. Je fis présent d’une de ces bagues à chacun des deux Hollandais, pour les remercier de la vie dont je croyais leur avoir obligation.

» Mais ce qui paraîtra surprenant, c’est qu’après avoir bu et mangé, nous nous sentîmes tous si faibles, et dans une si grande impossibilité d’aller plus loin, qu’aucun de nous ne put se relever qu’avec des douleurs incroyables. En un mot, quoique les Hollandais nous représentassent qu’il ne nous restait qu’une heure de chemin jusqu’à leurs habitations, où nous nous reposerions à loisir, personne n’eut assez de force et de courage pour entreprendre une marche si courte. Nos généreux guides reconnaissant que nous n’étions plus en état de faire un pas, envoyèrent les Hottentots chercher des voitures : en moins de deux heures nous les vîmes revenir avec deux charrettes et quelques chevaux. Le second de ces deux secours nous fut inutile. Personne n’ayant pu s’en servir, nous nous mîmes tous sur les charrettes, qui nous portèrent à l’habitation hollandaise : elle n’était éloignée que d’une lieue. Nous y passâmes la nuit, couchés sur la paille, avec plus de douceur qu’on n’en a jamais ressenti dans la meilleure fortune. Mais le lendemain, à notre réveil, quelle fut