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liers méritent peu d’attention ; celui, par lequel on monte au salon de l’audience à Siam, n’a pas deux pieds de large ; il est de briques, tenant à un mur du côté droit, et sans aucun appui du côté gauche ; mais les seigneurs siamois n’ont besoin de rien pour s’appuyer, puisqu’ils le montent en se traînant sur les mains et sur les genoux, et si doucement, que, suivant l’expression de Laloubère, on dirait qu’ils veulent surprendre le roi leur maître. La porte du salon est carrée, mais basse, étroite et digne de l’escalier, parce qu’on suppose apparemment que personne n’y doit entrer que prosterné. L’entrée du salon de Louvo est moins basse ; mais, outre que ce palais est plus moderne, il passe pour une maison de campagne, où le monarque affecte moins de grandeur et de majesté que dans la capitale.

Ce qui fait la véritable dignité des grandes maisons siamoises, c’est qu’il n’y a point de plain-pied, quoiqu’elles n’aient qu’un étage. Dans le palais, par exemple, le logement du roi et des dames est plus élevé que tout le reste ; et plus une pièce en est proche, plus elle s’élève à l’égard de celle qui la précède ; il y a toujours quelques marches à monter de l’une à l’autre ; car les autres se suivent sur une même ligne. La même inégalité se trouve sur les toits, dont l’un est plus bas que l’autre, à mesure qu’il couvre une pièce plus basse. Cette succession de toits inégaux fait la distinction des degrés de grandeur. Le palais de