Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/258

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rompus. Si, dans quelque occasion, il devient absolument nécessaire de tenir ferme, on ne peut se promettre de les retenir qu’en mettant des officiers derrière chaque bataillon, avec ordre de tuer les fuyards. Les Macassars, les Ragipouts, les Malais et quelques autres nations, prennent de l’opium pour animer leur courage ; mais les Siamois rejettent ce secours par la crainte de devenir trop courageux. Cette lâcheté, qu’ils ne regardent pas même comme un sujet de reproche, les rend incapables d’entreprendre un siége ouvert. S’ils attaquent une place fortifiée, c’est par la trahison ou par la faim.

Ils sont encore plus faibles sur mer que sur terre. À peine le roi de Siam a-t-il cinq ou six vaisseaux, qu’il arme quelquefois en course, mais dont l’emploi principal est le commerce. Ses officiers de mer et ses matelots sont étrangers. Il leur recommande d’éviter les combats sanglans, et de se borner à la supercherie pour faire des prises. Avec ce petit nombre de vaisseaux, il a cinquante ou soixante galères, dont les ancres sont de bois. Ce ne sont que des bateaux médiocres et d’un seul pont, qui portent environ soixante hommes, rameurs ou soldats. Ces hommes se prennent par corvées, comme pour les autres services de l’état.

Les enfans des Siamois ont naturellement de la docilité et de la douceur ; on leur inspire dès le premier âge une extrême politesse. L’autorité despotique des pères sert beaucoup